
Source: http://www.marieclaire.fr
Ce soir-là, je ne redescendis pas sur le trottoir. Je regagnais ma chambre habituelle et me livrais à une introspection minutieuse. La conclusion de cette plongée en moi-même tenait en deux questions-réponses très simples : avais-je eu peur ? Non. Allais-je recommencer Oui. Le lendemain, j’achetais des porte-jarretelles à ma taille.
Clara la nuit, Claire le jour. D’un côté, la lecture, des balades au parc, une vie bien rangée. De l’autre, une chambre de bonne vers le métro Saint-Denis, les clients qui défilent – des passes comme ils disent – et quelques moments de répit dans le petit bar d’en face. Claire ? Elle ne s’est pas trop posée de questions avant de faire entrer Clara dans sa vie, il fallait bien gagner de l’argent après tout. Et les années sont passées, plutôt bien d’ailleurs. Elle a mis en place des horaires et des rituels précis qui rythment son quotidien. Le jour, elle est seule, mais pas malheureuse. La nuit, ils défilent, les habitués et les « hors-séries » comme elle les appelle. Mais dans le petit bar de l’autre côté de la rue, Clara sait qu’elle peut trouver du réconfort auprès des patrons, Tony et Louisa, et cet équilibre précaire lui convient. Les choses changent quand un client s’intéresse enfin à elle, celle cachée derrière le masque de maquillage et de dentelle. De la violence des proxénètes au vernissage d’une galerie d’art de Belleville, d’Auxerre à Rome, de Claire à Clara, ce roman nous entraîne dans le monde de la nuit, de l’autre côté du miroir. Les chapitres courts nous laissent haletants, on veut en savoir plus, mais voilà déjà la dernière page qui arrive. Bien trop tôt.
J’ai eu une première vie avant Rome. Une vie double , partagée entre la nuit et le jour. Un contraste que je pensais salvateur, mais qui n’était qu’une illusion. Une lame à double tranchant. Clara le jour et Clara la nuit avaient finalement le même visage, celui de la peur.
Il m’a fallu faire deux voyages pour le comprendre. Le premier a été le plus difficile. Et le plus long.